La quête incessante de l’urbanité
L’urbanité est la fonction urbaine fondamentale de la ville qui permet à l’homme de s’épanouir dans son milieu et dans son paysage de sa naissance à sa mort, c’est ce qui cadre son enfance et qui lui permet des repères fondamentaux pour s’affranchir de sa condition humaine à l’âge adulte.
L’urbanité c’est aussi le savoir vivre ensemble, elle se définit de deux manières différentes. Soit comme ce qui caractérise notre rapport à la ville et à ses corolaires le quartier et l’espace public, soit par notre rapport au monde que véhicule la ville.
Par croisement des deux définitions, l’urbanité est donc le savoir vivre ensemble dans la ville, dans l’espace public urbain dont la rue fait partie intégrante. L’urbanité régule la société et l’organise en plusieurs dimensions, à savoir : les dimensions économique, individuelle, politiques, sociales, spatiales, temporelles, etc., et que chaque phénomène de société associe, de façon systémique, des faits qui participent à toutes les dimensions.
L’intensité de l’urbanité est qu’elle dépend de l’articulation des dimensions sociétales de l’espace public urbain et des éléments meublants l’espace collectif.
L’urbanité croit et se développe à mesure qu’elle associe toutes ou parties des dimensions qui la composent.
Toutefois, l’urbanité totale produite est plus que la somme de l’urbanité de chaque dimension car ce sont les relations entre elles qui apportent une plus-value urbaine.
L’espace public urbain manifeste donc l’organisation de la collectivité et participe à la production de l’urbanité en fonction de l’intensité du besoin et de l’intensité du vivre ensemble, rendus possible par son agencement et par la qualité de ses équipements.
Imaginons maintenant que chaque configuration territoriale est porteuse d’un potentiel d’urbanité, c’est-à-dire d’une urbanité latente qui peut se révéler à tout instant en fonction du contexte.
Cette révélation peut être durable, dans le cas de la création d’une zone piétonne, ou éphémère, dans le cas d’un festival par exemple.
Partant du principe que l’urbanité est produite par l’expression des dimensions sociétales de l’espace public urbain, il faut mettre en place un cadre d’analyse pour évaluer le potentiel d’urbanité dans les villes marocaines…
Il faut donc mettre en relation l’espace public, l’usager, l’individu et la collectivité ainsi que leur combinaison qui définit ce potentiel suivant des critères d’évaluation qualitative de l’urbanité pour un espace public donné.
Ainsi l’urbanité serait l’outil d’évaluation de la qualité urbaine et du vivre ensemble dans les villes. L’individu est confronté alors à la collectivité (aux autres) par les interactions de l’usage de l’espace public.
Un individu se déplaçant en voiture est relativement plus isolé de son environnement qu’un cycliste ou un piéton. La carrosserie délimite une bulle d’espace privé dans l’espace public.
Même si chaque individu est une bulle d’espace privé en soi, une rue piétonne offre un potentiel d’interaction collectif plus élevé et plus intense qu’une rue à circulation majoritairement automobile.
L’organisation collective est dépendante des possibilités d’articulation des dimensions sociétales de l’espace public urbain. Une rue exclusivement commerçante n’offre par exemple pas une diversité susceptible d’augmenter le potentiel d’urbanité, cette dernière s’engendre dans le potentiel du vivre ensemble pour rehausser la condition humaine de l’individu et de la société…
Rachid Haouch, architecte, urbaniste et paysagiste dplg.
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